

Tous les contes, rituels et récits parlés-chantés de ce corpus ont été transcrits, glosés et traduits sur carnets de terrain mais ceux-ci ne sont pas encore numérisés. Une grammaire du War dans ses trois dialectes, basée sur ce corpus, est en préparation.
Le War comporte 3 groupes de dialectes (en dehors des variétés métissées avec le khasi et le Pnar):
War Amwi, War des environs de Nongtalang, War des environs de Syndai (voir carte).
- Amwi War
- Nongtalang-Nongbareh War (with phonetic variations in the different villages of the recordings)
- a. Sohkha
- b. Kudeng
- c. Nongbareh and Lamin
- d. Padu, Mawngap, khonglah
- e. Nongtalang
- Syndai War
- a. Syndai
- b. Kwator and Satpator
War Amwi de Thangbuli
Récit du Bahilom
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2000, Marlyda Pohleng, Anne Daladier
Grand récit fondateur pour les Pnars et pour les Wars.
La narratrice, fille d'un grand représentant religieux propose des récits d'une grande qualité poétique.
L'histoire se déroule le long de la rivière Myntadu qui sépare les terres Amwi et Pnars. Une femme accouche d'un enfant bien que sans mari, à l'écart de son village dans une grotte, car il est considéré comme illégitime. (La grotte est aussi un lieu de passage entre le monde du dessous et la terre plate.). Cet enfant devient un jeune homme géant et prodigieux en force, en intelligence et en générosité. Il devient le protecteur des siens mais sa puissance désintéressée provoque la jalousie d'un roi puissant et rapace. Il est finalement victime d'une traîtrise : il est invité à un banquet où les soldats du roi le font boire et le tuent ivre.
On retrouve ce récit en Pnar où Bahilom frère/soeur aîné en War se nomme Mar et en Lyngam Tang Mar
2 contes de Marlyda Pohleng :
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2000, Marlyda Pohleng, Anne Daladier
a) Une femme et son fils Sem le paresseux
Une mère fait des gâteaux et envoie son fils Sem un garçon paresseux vendre les gâteaux au marché. Parfois, il les donne à des chiens ou à des porcs sauvages. Un jour il rencontre au marché un chacal qui apprend à lire aux enfants en chantant. Ils en sont très contents. Un jour le chacal les emmène dans une grotte sous le pont et révèle sa perversité en mangeant Sem.
b) La tortue et le chacal
Une tortue et un chacal se rencontrent au marché. La tortue a deux filles très intelligentes qui vont à l'école. Le chacal explique à la tortue qu'il donnera un meilleur enseignement à ses filles. Elle les lui confie. Elle demande au chacal de revoir ses filles quand ils se rencontrent au marché mais il a toujours une excuse pour remettre la rencontre à plus tard. Finalement, un jour elle exige de les voir. En fait il a mangé ses filles. Il la fait venir dans une grande et profonde grotte et lui dit que ses filles sont dans l'eau dans une partie souterraine profonde. Elle cherche partout. Finalement le chacal la tue.
suivis d'un conte de Fancy Pohleng :
c) Le marché des animaux est un conte satirique sur les comportements humains à partir de traits animaliers utilisés dans les contes traditionnels.
a) La démone Insatiable et monsieur ləʔ
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2000, Marlyda Pohleng, Anne Daladier
Madame insatiable est en fait une immortelle qui utilise l'apparence d'une vieille dame et qui peut l'enlever comme un vêtement et prendre quand elle le souhaite l'apparence d'une jeune femme et profiter de sa force. Elle utilise sa jeune peau pour travailler dans son champ de millet. Un jour de sa colline, elle voit Monsieur ləʔ qui cueille des fruits sauvages en haut d'un arbre. Elle va le voir et lui demande de lui donner des fruits. Lui s'est aperçu qu'elle peut changer d'apparence humaine à sa guise. Il fait semblant de vouloir la satisfaire mais fait tomber les fruits dans la crotte qui se trouve sous l'arbre, à plusieurs reprises. Finalement elle parvient à utiliser son châle pour que les fruits tombent dedans. Elle se régale à s'en faire une indigestion et ne plus pouvoir marcher. Elle s'installe dans la hotte à récolte de monsieur ləʔ, qui doit la ramener chez elle sans emporter ses fruits. En route elle rote et crotte dans la hotte qui se trouve vide et salle quand monsieur ləʔ arrive chez lui.
b) Le chacal et le tigre
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2000, Marlyda Pohleng, Anne Daladier
Au début ils sont très amis. Ils plantent des yams mais le chacal profite de la naïveté du tigre. Une autre fois ils vont à la chasse. Le chacal se prétendant malade se fait nourrir par le tigre, par la femme du tigre et par leurs enfants. En leur absence il dévore en outre l'intérieur d'une vache et en fait son habitation.
2 contes traditionnels
Amwi War, Thangbuli, 2003, Marlyda Pohleng, Anne Daladier
a) Le chacal et l'oiseau piangmai
Au début le chacal et la piangmai (sorte de colombe sans queue) sont très amis. Ensuite le chacal utilise la colombe pour voler des bananes et le chacal profite de sa naïveté pour tout manger. Elle se fâche et le chacal essaie de l'attraper pour la dévorer. Elle réussit à s'envoler mais il attrape sa queue dont les plumes s'envolent pour toujours. Un jour ils se rencontrent au marché, il lui demande par quel chemin elle repartira. Elle se méfie et donne une fausse information. Il l'attend en vain et lui en veut. Ils se rencontrent d'autres fois au marché et elle le berne chaque fois sur le chemin, il ne peut l'attraper. Il réalise qu'elle est intelligente, propose de faire ensemble un festin de crabe et de lui redonner sa queue. Elle en attrape un et elle doit le préparer dans une marmite. Mais le crabe transperce la marmite et s'en va. La colombe croit que c'est une ruse du chacal. Depuis, l'oiseau piangmai n'a pas de queue et elle se méfie du chacal.
b) Les deux sœurs et la jalousie de l'aînée
Deux petites filles sont les seules enfants de leur mère. La mère les envoie chercher des concombres dans sa plantation sur la falaise au-dessus de la rivière. Avant la cueillette, l'aînée propose à sa cadette de lui enlever les poux. Elles s'assoient sur le bord de la falaise. L'aînée par jalousie la pousse à se rapprocher du bord tout en prétendant la retenir. Elle la lâche, la laisse tomber et la petite tombe de cette immense falaise. Elle est avalée vivante par un énorme poisson de la rivière qui passait par là et s'en va. L'aînée revient seule à la maison, sa mère lui demande où est sa sœur. Elle prétend ne pas savoir en disant que sa cadette serait partie devant elle. La mère devine un mauvais coup mais la petite reste introuvable. Un jour le père va à la pêche dans la rivière et rencontre le gros poisson qui se laisse prendre et tuer pour lui redonner l'âme de sa petite fille. Il est énorme. Quand le père le découpe il retrouve la voix-âme de sa fille qui est morte. Elle lui raconte comment sa sœur l'a tuée. Le père raconte cela à sa femme qui chasse l'aînée de la maison. Elle ne sait où aller, monte dans un grand arbre et demande à l'aigle de lui donner des ailes. Elle chante pour l'appeler et l'attendrir. La narratrice chante. L'aigle lui coud une aile et s'en va. Elle se remet à chanter. Sa mère l'entend et lui dit d'aller plus loin. Elle chante à nouveau pour attendrir l'aigle. L'aigle revient et lui coud une deuxième aile. Il la prend sous sa protection et ils s'envolent toutes les deux, elle le suit.
Trois personnes : séparation et retrouvailles d'une mère et de ses deux fils
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2003, Lewis Buam, Anne Daladier
Après la mort de son mari, une femme se trouve seule, démunie avec ses deux jeunes fils. Elle tente de chercher fortune dans un plus gros village (actuellement au Bengladesh) mais doit traverser la large rivière entre le Meghalaya et le Bengladesh. Un transporteur Hindou dans sa barque la trompe au moment où elle embarque pour mettre à bord ses enfants, par un geste brusque il s'éloigne, la fait prisonnière et s'en va. Les deux enfants se retrouvent seuls.
Une vache dont le veau nouveau-né vient de mourir à côté de la rive les découvre pleurant et les nourrit de son lait. Elle les emmène le soir dans l'abri du vieil homme solitaire qui la garde. Les jours passent ainsi où les enfants suivent la vache et un jour le vieil homme les découvre. Ils vivent ensemble avec amour dans sa hutte. Les enfants deviennent très habiles et gagnent une compétition organisée par le roi hindou de ce pays. Le roi les invite à sa cour avec le vieil homme pour combattre les ennemis. Par leur intelligence et leur courage ils mettent les ennemis en déroute et deviennent ministres. Le roi leur offre de choisir une récompense. Ils décident de prohiber la viande de vache. Ensuite le vieil homme préfère retourner à sa hutte et les jeunes hommes alternent entre vie de cour et vie de hutte avec le vieil homme. Les jeunes gens qui aimeraient retrouver leur mère amènent le roi à autoriser tous les sujets non hindous à retourner dans leurs collines d'origine. Mais la mère est toujours prisonnière du conducteur de bateau. Les conducteurs de bateau sont tous interrogés et finalement la mère retrouvée est libérée. Les fils tuent le ravisseur. Quelques années plus tard, le roi solitaire lègue son pays à ses deux fils adoptifs.
Ce conte idéalise la bonne relation d'antan entre hindous et Wars au Bengladesh.
Deux frères orphelins
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2003, Lewis Buam, Anne Daladier
Après la mort de leurs parents, deux frères travaillent dans leurs champs et vivent de leurs récoltes, seuls dans leur hutte. Une vieille femme s'introduit dans leur vie pour les aider aux tâches ménagères et se transforme la nuit en jeune beauté. L'aîné brûle sa peau de vieille et l'épouse. Ils vivent à trois paisiblement. Mais la jeune femme en fait une méchante sorcière tue son mari et fait manger le corps au cadet. Celui-ci le découvre trop tard. La sorcière s'enfuit et épouse le roi. Elle se prétend malade. Suit une description des remèdes et des guérisseurs. La jeune sorcière en profite pour se faire nourrir de tigres et autres sources de force.
Après un certain temps le frère cadet finit par retrouver la jeune sorcière devenue reine à la cour du roi. Il prévient le roi qu'elle est sorcière et révèle son point faible : les âmes de son clan sont dans un panier qu'elle cache. Quand le panier est détruit, elle meurt.
Sens intéressant de cette histoire sur la religion des ancêtres et les bigoteries.
b) Compétition entre les deux rivières : Am Ngot et Am Tedia
Les deux rivières délimitent des territoires à la fois Wars et Pnars à l'Est des territoires khasis. Elles sont décrites dans ce court conte comme les incarnations de deux jeunes femmes qui font la course pour arriver au plus vite au pied du plateau du Meghalaya au Sud et atteindre le roi de Jaintiapur au Bengladesh. Am Ngot prend sa source près de la grande montagne de Shillong et part très vite mais s'essouffle en faisant des détours. Am Tedia, circule sur une pente plus douce et n'est qu'un court d'eau mais va directement vers Jaintiapur. Elle est la gagnante et dirige la partition des terres des clans de cette zone. Avant de devenir la capitale des khasis Shillong était tʃi lɔŋ, 'l'étant Un', l'ancêtre masculin incarné dans la 'grande montagne' pilier mythologique entre la terre et le ciel et qui donne leur source à plusieurs rivières ancêtres féminins du Meghalaya, qui soit rejoignent la Kalang en Assam sur d'anciens territoires Pnars, soit comme Am Ngot rejoignent les territoires Wars-Pnars.
Plantes et pratiques médicinales par une guérisseuse
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2003, Ribon Dkar, Anne Daladier
Guérisseuse par les plantes et surtout par les massages. Une institutrice donne une traduction en anglais des explications de la guérissese.
Plantes et pratiques médicinales par un guérisseur
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2003, Shon, Anne Daladier
Shon était le principal guérisseur par les plantes (broʔ suraŋ) de Thangbuli. Longue description des plantes, racines, décoctions, pierres, os, fœtus, peaux de serpents et tous leurs mélanges éventuellement avec de l'huile ou de l'eau utilisés pour les maladies physiques ou psychiques. Également les prières. (Carnets de terrain avec les dessins des plantes)
Compétition entre les deux rivières Am Ngot et Am Tedie
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2003, Soh Tariang, Anne Daladier
Les deux rivières délimitent des territoires à la fois Wars et Pnars à l'Est des territoires khasis. Elles sont décrites dans ce court conte comme les incarnations de deux jeunes femmes qui font la course pour arriver au plus vite au pied du plateau du Meghalaya au Sud et atteindre le roi de Jaintiapur au Bengladesh. Am Ngot prend sa source près de la grande montagne de Shillong et part très vite mais s'essouffle en faisant des détours. Am Tedia, circule sur une pente plus douce et n'est qu'un court d'eau mais va directement vers Jaintiapur. Elle est la gagnante et dirige la partition des terres des clans de cette zone. Avant de devenir la capitale des khasis Shillong était tʃi lɔŋ, 'l'étant Un', l'ancêtre masculin incarné dans la 'grande montagne' pilier mythologique entre la terre et le ciel et qui donne leur source à plusieurs rivières ancêtres féminins du Meghalaya, qui soit rejoignent la Kalang en Assam sur d'anciens territoires Pnars, soit comme Am Ngot rejoignent les territoires Wars-Pnars.
Conte traditionnel Amwi sur une compétition entre ces deux rivières, ou plus précisément, entre le clan Amwi Buam et les clans Pnars régulés par ces deux rivières. Récit de Soh Tariang, le chef du village de Thangbuli en présence de Marlyda Pohleng et de Lewis Buam.
Récit d'un mythe de fondation pour les Wars et les Pnars : Liʔ Dɔʔ Kha, Lɔʔ Rəndi 'dame chaire du poisson, sieur Rendi'
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2003, Soh Tariang, Anne Daladier
Cette version est dite pour moi comme un conte traditionnel en War Amwi par le Lyngdoh, le représentant traditionnel élu des clans de 5 villages Wars associés. Cette version n'a pas la poésie de la version rituelle de Liʔ Dɔʔ Kha parlée-chantée par les deux clans en compétition en War de Sohkha (fichier ADA005) mais elle a des différences très intéressantes. Elle explique la création du groupe Amwi avec la rivière Khervi qui rejoint Sutnga. En fait Amwi 'rivière Wi' est une dénomination postérieure à Khervi 'gens de Vi.
Récit : la pierre ancestrale des Buam en forme de tigre
Thangbuli, Meghalaya, Inde, 2005, Dol Buam, Anne Daladier
Un représentant traditionnel Amwi, fait le récit de la pierre ancestrale qui se trouve toujours au sommet des terres du clan Buam, sur la rivière Myntadu qui délimite les terres Wars et Pnars au dessus du barrage de Lechka. Après un conflit War entre le clan Buam (Amwi) et le clan Talang (nongtalang 'village des Talang'), les gens du clan Buam qui s'étaient alliés avec le roi Pnar installent cette pierre avec l'accord de l'Ancêtre Pnar et War Muhsiang.
Cette pierre a la forme d'un tigre parce que à l'époque de sa fondation certains hommes avaient une double vie sur terre comme homme-tigre. La croyance en une double incarnation sur terre fait partie des points communs de la religion traditionnelle des Pnars, Wars et Lyngam. Stephen Nongsiang m'a décrit en Lyngam Tre les 7 doubles incarnations possibles (tigre, aigle, dragon-serpent, rosée du matin, insecte, coq sacrificiel, porc sacrificiel) et le fait que chaque humain naît avec un double choisi par l'ancêtre de son clan.
Musique mɛrkeːu (jewish harp en bambou) et Chants traditionnels loŋ haj de récoltes de millet
War Amwi à Thangbuli, 2003, Woh De