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La langue
La langue emprunte son nom à Tanema, un ancien village situé sur la côte sud de Banie (l’île principale du groupe Vanikoro). Localement, la langue est appelée « langue de Tanema » ou « langue de Tetawo » (un autre toponyme).
Autrefois, l’aire de Vanikoro était divisée en trois tribus, chacune avec sa langue bien distincte : le
teanu au nord-est ; le
lovono à l’ouest, et le tanema au sud. Durant le xx
me siècle, ces deux dernières langues se sont pratiquement éteintes, remplacées par le teanu.
Le tanema, le lovono et le teanu, les trois langues autochtones de Vanikoro, sont océaniennes : elles appartiennent donc à la vaste famille des langues austronésiennes, laquelle couvre la plupart des îles du Pacifique. Au sein de la famille océanienne (≈500 langues), les langues de Vanikoro appartiennent à la branche “Temotu” – un petit groupe d’une dizaine de langues, situé dans la province du même nom.
Outre sa population autochtone mélanésienne, l’île de Vanikoro est également colonisée, depuis le xvi
me s., par une communauté polynésienne. Celle-ci provient de Tikopia (l’île la plus extrême de l’archipel solomonais), et sa langue est le fakatikopia ou
tikopien ; elle s’est installée sur la côte sud de Banie, dans ce qui jadis était précisément le territoire du tanema.
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Le corpus tanema
2.1 Le terrain
Le linguiste Alexandre François s’est rendu deux fois à Vanikoro, chaque fois en lien avec un projet pluridisciplinaire.
En 2005, l’expédition Lapérouse 2005 fit venir de Nouméa une centaine de participants, en quête du souvenir concernant le navigateur français Jean François de Lapérouse – dont les deux navires se brisèrent en 1788 sur les côtes de Vanikoro. Tandis que les archéologues sous-marins plongeaient en quête des vestiges concrets des deux navires, François parcourait les villages de l’île, en apprenait les langues, et enregistrait des récits de la tradition orale au sujet de ces navigateurs français qui avaient, les premiers, échoué à Vanikoro.
François eut l’occasion de revenir en 2012 dans le cadre d’une expédition de géologues de l’IRD, qui étudiaient les changements dûs à l’activité sismique et au réchauffement climatique. Le linguiste saisit cette occasion pour enrichir ses connaissances sur les deux langues moribondes de l’île, le lovono et le tanema.
2.2 Le corpus
La présente archive tanema inclut six enregistrements issus de la tradition orale de Vanikoro.
Du fait de la thématique initiale de l’expédition de 2005, quatre de ces récits relatent le souvenir de l’expédition de Lapérouse en 1788. Ainsi, †Emele Mamuli [photo], une femme âgée qui parlait couramment les trois langues de l’île, nous a livré une version brève de l’histoire de Lapérouse (en tanema, Toñaki ake Laperus “le navire de Lapérouse”). Elle y raconte comment les deux navires furent magiquement anéantis par les Dieux de l’île.
Parmi les autres récits (non encore traduits), Le Héron relate le mariage entre un homme et une femme héron. Du fait de la violence de cet homme, la femme-héron finira par se suicider en sautant dans les flemmes. (Ce récit rappelle celui de Roman’mangan, un conte venu du nord du Vanuatu.)
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Bibliographie
François, Alexandre. 2008. Mystère des langues, magie des légendes. In Le mystère Lapérouse ou le rêve inachevé d’un roi, edited by Association Salomon. Paris: de Conti, Musée national de la Marine. 230-233.
François, Alexandre. 2009. The languages of Vanikoro: Three lexicons and one grammar. In Bethwyn Evans (ed). Discovering history through language: Papers in honour of Malcolm Ross. Pacific Linguistics 605. Canberra: Australian National University. 103-126.
François, Alexandre. 2021. Online Teanu–English dictionary, with equivalents in Lovono and Tanema. Publication électronique. Paris: CNRS [https://tiny.cc/Vanikoro-dict].
Pour en savoir plus sur les langues de Vanikoro : https://tiny.cc/Vanikoro-lgs.
Voici comment vous pouvez citer cette archive Pangloss :
François, Alexandre. 2021. Archive d’enregistrements de terrain dans la langue tanema. Collection Pangloss. Paris: CNRS.