Le naxi est parlé au nord-ouest de la province chinoise du Yunnan, dans les environs de la première boucle du fleuve Yang-tzé (扬子江), le fleuve Bleu, que la tradition chinoise appelle le Long Fleuve 长江 ou simplement le Fleuve (江).
Le naxi fait partie du sous-groupe na-ish du sino-tibétain, aux côtés du na (mosuo) et d'autres parlers moins connus tels que le lazé. Le nombre de locuteurs du naxi est de l'ordre de 200.000, mais la langue est en voie de remplacement par le mandarin du sud-ouest. Au début des années 2000, les média locaux peinaient à trouver, parmi les écoliers et collégien·ne·s naxi de la ville de Lijiang, un enfant qui pût dire quelques mots dans cette langue.
Au sujet du travail d'enquête de terrain mené en pays naxi, il existe un film documentaire (en chinois), produit par la télévision de Tianjin en 2012: Sound Hunter / 路•音".
Les enregistrements en langue naxi disponibles dans la collection Pangloss comportent des récits, des contes, des rituels, des chansons, ainsi que certains matériaux phonologiques et lexicaux de plusieurs dialectes.
Récits dans le dialecte de Guifeng 贵峰 (en naxi, le village s'appelle /ndɑ˧le˩/)
Enregistrements de M. He Limin (dialecte de Guifeng 贵峰)
Enregistrements de M. He Xuewen (dialecte de Tai'An 太安)
Enregistrements de M. Ge A-Gan (dialecte de Lijiang 丽江)
Chansons de Mme Xiao Rulian (dialecte de Tacheng 塔城)
Chansons de Mme Li Xiuxiang (dialecte de Lashi 拉市)
Chants de M. He Xuemin 和学敏 et deux de ses amis (dialecte de Longshan 龙山)
Données du hameau de Ciending 次恩 丁, village de Dongba village, comté de Sanba, préfecture de Zhongdian (Xianggelila), Diqing, Yunnan
Enregistrements d'un festival de musique à Baidi 白地
Données du dialecte de Guifeng 贵峰
Le dialecte naxi du village de Guifeng (贵峰 ; en naxi : /ndɑ˧le˩/), près de la ville de Lijiang, est facilement reconnaissable par les locuteurs de naxi des villages voisins par des inversions tonales, d'un schéma H+M à M+H. Les récits présentés ici ont été racontés en 2004 par M. He Wenjian 和文建.
Deux récits transcrits sont disponibles ici : "Fille unique" (version 1 et version 2) et "A-I-Nder le fripon"). Comme c'est le cas pour tous les jeux de données linguistiques, le processus de préparation du corpus pour archivage en ligne prend beaucoup de temps, et il est malaisé de trouver la disponibilité pour réaliser les tâches de mise en forme. Si vous souhaitiez vous lancer dans l'étude du parler naxi de Guifeng, pour une recherche universitaire (mémoire de Master ou doctorat), n'hésitez pas à me contacter. Le corpus comprend des enregistrements audio réalisés en France avec une locutrice qui s'y est établie. Vous pourriez contribuer à la préparation des documents pour diffusion en ligne et archivage, tout en en faisant usage pour votre apprentissage et vos recherches.
Afin de limiter la distance entre la transcription en Alphabet Phonétique International et la prononciation réelle, la transcription adoptée ici ne pousse pas la phonémisation à l'extrême. En particulier :
la nasale palatale [ɲ] peut être analysée comme un allophone d'une vélaire /ŋ/, de même que les autres consonnes palatales : [ci] pourrait être analysé comme /ki/, et ainsi de suite.
les syllabes sans attaque reçoivent une consonne initiale par défaut : une spirante qui correspond à la voyelle. Ainsi, /i/ est réalisé [ʝi], /u/ donne [wu], /ɯ/ donne [ɣɯ], etc. Ces syllabes sont transcrites ici avec leur initiale phonétique, comme [ʝi], [wu], [ɣɯ], etc.
En revanche, les voyelles apicales [ʅ] et [ɿ] sont notées de façon phonémique, comme des /ɯ/.
Les conventions suivantes signalent des passages à ajouter ou retrancher :
[ ]
les crochets indiquent un ajout à apporter au texte (tel qu'indiqué par la locutrice lors de la transcription)
< >
les chevrons signalent un "faux départ" ou un passage dont la locutrice ou le locuteur estime, à la transcription, qu'il doit être écarté.
Les notes gardent trace de diverses vérifications au sujet de la forme et du sens, et des observations phonétiques.
Données du dialecte de Ciending 次恩丁
M. Xu Jirong est l'auteur d'un mémoire de maîtrise (2009) au sujet du dialecte naxi de son village natal. Il a raconté plusieurs histoires : trois histoires drôles, et le récit "Enfant crapaud". L'une des deux versions de ce récit est transcrite et traduite en intégralité.
C'était la première fois que Xu Jirong faisait un enregistrement et l'exercice, un peu intimidant, a occasionné quelques hésitations au fil des récits, notamment pour les histoires drôles, premiers morceaux à avoir été enregistrés. Il a néanmoins semblé utile de mettre en ligne ces données d'un dialecte pour lequel très peu de données sont disponibles. Les versions mises à disposition ici sont légèrement retouchées, mais par souci de précision documentaire, les originaux sont également archivés.
Des enregistements de listes de vocabulaire ont également été réalisés. Le premier document à être rendu disponible est la lecture d'une partie d'une liste de mots établie par Xu Jirong en collaboration avec A. Michaud.
Mots monosyllabiques en phrase-cadre (enregistrements audio et électroglottographiques)
Ce jeu de données a été élicité en 2004 pour l'étude des tons lexicaux de la langue naxi. Quarante séries minimales comme /lɑ́/ ‘frapper’, /lɑ̄/ ‘tigre’, /lɑ̀/ ‘main’ ont été constitués, soit 120 syllabes en tout. Comme les monosyllabes ne représentent qu'une petite partie du lexique naxi, il n'a pas été possible d'être regardant en termes de classe morphosyntaxique (nature des mots): on a eu recours à des noms, des verbes et des adjectifs (limiter à une seule classe n'aurait pas permis de constituer pareil nombre de séries tonales complètes). Les initiales utilisées sont /pʰ tʰ kʰ tsʰ ʈʂʰ, p k ts, g, l m n, s ʂ h/, ainsi qu'un /ʝ/ qui s'insère en attaque de syllabes sans consonne phonologique. Les voyelles représentées dans ce jeu de données sont /i y ɯ u e ɤ o ə˞ æ ɑ wɑ v̩/.
Les syllables-cible étaient présenté au/à la consultant(e) sous forme écrite, sur papier, au sein d'une liste en ordre aléatoire. Le contexte proposé était le suivant : quelques personnes regardent ensemble une émission de télévision à propos de calligraphie. Dans une première condition de lecture, désignée comme lecture SOIGNÉE, un enfant demande quel caractère on voit dans l'émission; il s'agit de fournir la réponse de façon bien claire. Dans une seconde condition, désignée comme lecture IMPATIENTE, l'enfant est impertinent, et pose la même question pour la énième fois, sans avoir prêté attention aux réponses précédentes; on lui fournit à nouveau la réponse, mais d'une manière qui signale sans ambiguïté que notre patience est à bout et qu'il ne faudra plus recommencer. La raison pour laquelle on demande aux consultants d'imaginer une émission de télévision, plutôt qu'un spectacle en direct, est que le scénario dans lequel on imagine que le calligraphe est présent pourrait les amener à chuchoter la réponse, pour ne pas déranger le calligraphe (fictif). Des ajustements mineurs à la phrase porteuse ont été apportés en concertation avec les locutrices et locuteurs : en particulier, l'utilisation du marqueur de topique /ʂɤ́/ après l'élément-cible est obligatoire dans certains dialectes. Ces ajustements nuisent quelque peu à la symétrie du jeu de données, mais ils ont aidé les consultants à se sentir pleinement à l'aise pour aborder la tâche demandée.
Outre la transcription en alphabet phonétique international, une transcription orthographique en naxi romanisé est fournie (sauf pour les trois premiers documents du locuteur M5). Diverses informations complémentaires, y compris des observations au sujet du système phonémique du locuteur/de la locutrice, sont fournis sous forme de notes.
Les enregistrements comprennent un signal audio et un signal électroglottographique (EGG).
Divers autres jeux de données élicités (enregistrés depuis 2002) sont en attente de traitement pour mise à disposition en ligne. Quelques fichiers ont été publiés sous la forme de fichiers complémentaires associés à la publication suivante : Michaud, Alexis & He Xueguang. 2007. Reassociated tones and coalescent syllables in Naxi (Tibeto-Burman). Journal of the International Phonetic Association 37(3). 237–255. (Cliquer ici pour accéder à la version pré-publiée, et aux fichiers complémentaires.) La progression du travail de mise en ligne est particulièrement lente, du fait que la préparation de chaque document demande du temps. A titre d'exemple, la mise en forme du jeu de données mis en ligne ici (pour les études tonales) a été planifié en novembre 2014, et la mise en œuvre a occupé tout le temps disponible que j'ai pu trouver entre le 13 décembre 2014 et le 11 janvier 2015. La mise en ligne a été effectuée par l'équipe de la collection Pangloss le 2 février 2015.
Le prêtre naxi He Xuewen (1922-2007) lit la Grande Prière au Vent: sous forme psalmodiée, puis comme une lecture rythmée. Le manuscrit lu était la reproduction publiée en pp. 151-167 du recueil suivant : Nàxī Dōngbā Gǔjí Yìzhù 纳西东巴古籍译注 (Edition traduite et annotée de textes dongba classiques), Volume 1, de He Kaixiang, He Shicheng, Wang Shiying, et Li Jingsheng (Kunming : Yunnan Minzu Chubanshe, 1987). Remerciements particuliers au Pr. Guo Dalie 郭大烈教授 d'avoir proposé à M. He Xuewen d'effectuer cette lecture, en 2002.
Enregistrements de Ge A-Gan 戈阿干先生录音资料
Ge A-Gan est une des grandes personnalités des études naxi. Il a consacré de nombreuses années à la collecte et l'étude des traditions naxi. Lorsque nous avons fait connaissance en 2011, Ge A-Gan était âgé de soixante-quinze ans, et les réflexions sur le cours de sa propre vie tenaient une place grandissante dans ses pensées. Au terme d'une carrière marquée par les soubresauts de l'Histoire, il est revenu vivre dans la maison familiale, dans son village natal des environs de Lijiang, où il a fondé un Centre pour la préservation de l'héritage culturel naxi. Lorsque je lui ai suggéré de réaliser des enregistrements de sa langue maternelle, il a souhaité enregistrer le récit de sa vie.
Quatre amis naxi (Yang Jiehong 杨杰红, Yang Junlin 杨军林, He Liu 和柳, and He Wenjian 和文戬) ont assisté à l'enregistrement, formant un public connaisseur et chaleureux.
Le premier fichier audio a une durée de plus d'une heure ; il présente la trame de la carrière de Ge A-Gan. Le second évoque les livres pictographiques to-mba des Naxi. Le troisième est une lecture commentée des premières pages d'un rituel central de la tradition naxi : le culte du Ciel, /mɯ˧py˩/.
Ces trois enregistrements sont mis à libre disposition en ligne pour les personnes intéressées, dans l'esprit des principes de l'association "噜噜叭叭 Lulu Baba" fondée par Ge A-Gan pour la préservation de l'héritage culturel naxi.
Au plan technique, les enregistrements se présentent sous la forme de fichiers stéréo (de très grande taille). Le signal audio sur la piste gauche provient d'un micro de table Sony C535EB; la piste droite provient d'un micro serre-tête Sennheiser. Il n'existe pas de transcription à l'heure actuelle.
M. Ge A-Gan a volontiers accepté de fournir un récit de sa carrière. Quatre personnalités des études naxi (Yang Jiehong 杨杰红, Yang Junlin 杨军林, He Liu 和柳, et He Wenjian 和文戬) étaient présents lors de cet enregistrement, de sorte que l'orateur avait face à lui un public de connaisseurs.
Le premier fichier audio dure plus d'une heure, et suit le fil de la carrière entière de Ge A-Gan. Le deuxième porte sur les livres en écriture pictographique naxi. Le troisième est une lecture commentée des premières pages d'un rituel qui occupe une place centrale dans la tradition naxi : la prière au Ciel, /mɯ˧py˩/ (en naxi romanisé: mee byq).
Ces trois enregistrements sont mis à disposition en ligne en libre accès, en conformité avec les principes de l'association "噜噜叭叭 Lulu Baba" fondée par Ge A-Gan pour la conservation et la diffusion de la culture naxi.
Au plan technique, les fichiers audio contiennent sur la piste gauche le signal recueilli au moyen d'un micro Sony C535EB, et sur la piste droite le signal recueilli par un micro serre-tête Sennheiser HSP-2. Ces documents n'ont pas encore été transcrits.
Mme Xiao Rulian est réputée parmi les Naxi pour la beauté de sa voix. Les six chansons présentées ici ont été enregistrées grâce au généreux concours du fils de Mme Xiao Rulian, le chanteur et artiste He Wenguang. Vifs remerciements à M. He pour son enthousiasme pour le projet de réaliser cet enregistrement, qui faisait écho à son souci constant de la préservation de l'art naxi. Mme Xiao était âgée de 73 ans à la date de l'enregistrement.
Ces chansons ont été chantées a capella, sans accompagnement instrumental. Aucun traitement n'a été appliqué aux enregistrements, qui demeurent tels qu'ils ont été transférés depuis le support original (DAT: Digital Audio Tape).
Sept pièces vocales ont été enregistrées à la suggestion de Guo Dalie, éminent spécialiste de la culture naxi, qui m'a permis de rencontrer la chanteuse Li Xiuxiang, du village de Lashi (née en 1945). À l'époque, Mme Li se produisait à Lijiang depuis plusieurs années, mais aucun enregistrement n'était disponible. Je remercie chaleureusement Mme Li d'avoir généreusement accepté de faire cet enregistrement, destiné à préserver sa voix et à la transmettre à un large public ; M. Guo Dalie et le Musée de la culture Dongba, qui ont rendu cet enregistrement possible ; et le prêtre naxi He Xuewen, qui nous a aimablement invités à faire cet enregistrement à sa résidence au sein du Musée de la culture Dongba.
Ces courtes pièces ont été enregistrées en 2002. La séance d'enregistrement a été organisée à l'instigation du Pr. He Xueguang. M. He Xuemin 和学敏 (M17) était à l'époque présent à plein temps au Centre d'éducation culturelle naxi que le Pr. He Xueguang avait fondé à son domicile : un petit centre de formation et un musée. Ce centre (纳西文化传习中心) est par la suite devenu une association (纳西文化传习协会). Au Centre d'éducation, M. He Xuemin participait à des sessions de formation, et composait des textes en naxi romanisé. M. He Xuemin, connaisseur des arts naxi, a volontiers accepté d'enregistrer quelques chansons, avec deux de ses amis. L'enregistrement a eu lieu chez l'un de ses amis, dans une pièce dans laquelle les réverbérations étaient atténuées par les tapis et le linge de maison. Le dialecte maternel de M. He Xuemin est le parler de Longshan, proche de celui du A-Ser (la langue maternelle de M3 et M4), sans y être totalement identique. Comme la plupart de mes travaux en 2002 concernaient le dialecte A-Ser, je n'ai pas entrepris l'étude du dialecte de Longshan, et n'ai pas enregistré d'autres données de ce dialecte depuis lors.
Le jeu de données consiste en six documents. Trois sont transcrits : "Le perroquet et les mainates à collier": une chanson improvisée dans le style dit "Guqi" (骨气调); la même chanson dans le style A-li-li; et une explication au sujet de cette chanson. Les trois autres sont une chanson d'amour de M. He Xuemin; une chanson du locuteur M32 (anonyme), et une explication au sujet des chants d'amour, elle aussi par M32.
Le village de Baidi 白地 est situé à proximité d'un site géologique spectaculaire, où des dépôts de carbonate de calcium ont formé des bassins blancs en terrasses. Ce lieu, 白水台 (les Terrasses d'eau blanche), est sacré dans la religion naxi (to˧mbɑ˩, transcrit comme 东巴 dongba en chinois), dont ce village constitue le centre historique. En août 2012, Mmes He Jiezhen 和洁珍 et He Hong 和虹, collègues qui collectaient des documents au sujet des rituels naxi depuis des années, m'ont proposé d'aller assister avec elles à une journée de fête organisée par les personnes âgées du village (l'Association du troisième âge de Sanba: 三坝乡老龄协会). Leur association se réunit plusieurs fois par an, comme une sorte de chorale, pour le plaisir de pratiquer des chants traditionnels.
Le premier document est un morceau instrumental à la calebasse (cucurbit flute en anglais, 葫芦丝 en chinois). Pendant que l'artiste jouait, il participait à la ronde des danseurs. Le canal audio gauche de l'enregistrement était capté par un micro que j'orientais dans la direction de l'interprète. Le canal droit provient d'un microphone cardioïde qui restait fixe. Ce dernier permet de se faire quelque idée du mouvement du musicien.
Les deuxième et troisième documents constituent deux parties d'une chanson chantée pendant que les participants dansaient en cercle. L'enregistreur fonctionnait sur batterie, de façon à ce que je puisse me trouver au centre du cercle sans qu'un fil électrique ne gêne les mouvements des danseurs. Mais la batterie fut bientôt trop faible ; je suis alors sorti du cercle et j'ai repris l'enregistrement depuis un des côtés de la cour, où il y avait une prise électrique. (Une collègue avait apporté un stabilisateur de tension pour éviter les risques de choc électrique à l'enregistreur.) La partie non enregistrée a duré environ une demi-minute.
Pendant que le spectacle se déroule, une jeune spectatrice sourit de sa fenêtre en arrière-plan. À trente ou quarante ans de là, deviendra-t-elle une figure de proue au sein de l'Association du troisième âge ?
Le quatrième document est une chanson, chantée elle aussi en extérieur pendant que les participants dansent la ronde. Celle-ci est sur l'air de "A-Li-Li", qui, si j'ai bien compris ce que j'en ai entendu, est une création d'après 1949 qui adopte le style de la musique naxi pour faire la promotion des normes et devises sociales de la République Populaire de Chine.
Après cette chanson, le groupe est monté à l'étage du bâtiment de l'ancien gouvernement local (un nouveau bâtiment administratif est en construction) et a pris place pour la deuxième partie de la fête. Depuis quelques années, la salle est équipée de microphones et de haut-parleurs, qui sont maintenant utilisés pour des occasions comme celle-ci. Personnellement, j'aurais préféré recueillir des voix sans passage par des circuits électroniques d'amplification. Mais comme il s'agissait de ma première rencontre avec les personnes présentes, je me suis tenu à la place qu'on m'indiquait, et j'ai enregistré ce qui se passait, tel que cela se passait, sans essayer d'intervenir sur les paramètres choisis par les organisateurs.
Personnellement, je trouve les haut-parleurs assez contrariants pendant le cinquième enregistrement. Ils donnent une coloration métallique à cette chanson chantée par deux jeunes femmes.
Tous les fichiers sonores suivants, sauf le treizième, sont des chansons dans lesquelles une ou deux personnes mènent et où tout le groupe répète. (Lien vers les enregistrements : 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e, 14e.)
Le 13e morceau est une chanson d'une jeune femme. Après une minute de chant, elle s'est retrouvée un peu égarée, bien en peine de se rappeler la suite. Mme Yang Guikai est alors intervenue : elle a soufflé le vers suivant (en le chantant avec beaucoup de vigueur), et a accompagné la reprise de la chanteuse en frappant dans ses mains jusqu'au terme de la chanson soit terminée. Cet exemple illustre son sens des responsabilités dans la transmission de la tradition aux jeunes, et la façon dont elle aide les autres participants à se surpasser. Elle est pour beaucoup dans l'atmosphère animée et joyeuse qui s'est maintenue tout au long de la journée.
La fête, commencée vers 10 heures du matin, a duré jusque vers deux heures de l'après-midi. Du thé, de l'alcool d'orge du Tibet, des gâteaux et des fruits circulaient dans la salle.
On m'a raconté que dans le temps, ces chansons étaient chantées pendant le travail, lors de la longue préparation du chanvre pour le tissage. Les gens de divers hameaux se retrouvaient à Baidi, et se rassemblaient par groupes d'âge. Ils travaillaient, chantaient et buvaient jusque bien avant dans la nuit : parfois jusqu'à trois ou quatre heures du matin. Dans ce style de chant, quiconque le souhaite peut participer et lancer une phrase, ensuite reprise par l'ensemble du groupe.
Ainsi, le chant est improvisé à chaque fois. Ses thèmes récurrents sont la beauté de la nature (montagnes et rivières, soleil et lune, ciel et nuages, fleurs, oiseaux et chevaux), ainsi que le plaisir d'être ensemble et le charme des voix familières comme des nouvelles voix.
À une époque où les occasions de se rencontrer étaient peu nombreuses dans ces lieux enclavés, ces festivals étaient des occasions sociales d'une importance capitale. Le sourire radieux de certains chanteurs plus âgés me fait penser que le festival de ce jour-là a ravivé de bons souvenirs.
La troisième personne en partant de la droite est Mme Yang Guikai 杨桂开, dont la voix vigoureuse et claire se distingue dans les enregistrements. Mme He Jiezhen 和洁珍 et Mme He Hong 和虹, vêtues du costume naxi local (qui leur avait été prêté), prenaient notes et photos.
Des discours furent prononcés après la 5e pièce musicale. Sans surprise, les jeunes y étaient réprimandés in absentia pour leur manque d'intérêt pour l'apprentissage des styles traditionnels de chant. Nous avons finalement décidé de retrancher ces discours des deux disques compacts préparés à partir des enregistrements, et que Mme He Jiezhen et Mme He Hong ont reproduits et distribués plus tard à tous les participants, avec quelques photos de l'événement.
Au plan technique, l'enregistrement présente des lacunes évidentes. C'était mon premier enregistrement en extérieur, et faute de bonnette anti-vent de bonne qualité pour les microphones, on peut parfois entendre des bruits parasites dus aux courants d'air. À l'étage, j'ai simplement placé les deux microphones (sûrement beaucoup trop proches l'un de l'autre) dans le même support, sur un canapé, car le plancher en bois subissait de fortes vibrations lors des simples impacts de pieds (quand des participants battaient la mesure ou se déplaçaient). Si j'avais eu plus de temps, j'aurais essayé d'accrocher les microphones au plafond, mais là encore, comme c'était mon premier contact, c'était peut-être tout aussi bien que mes microphones et mon enregistreur, sans être cachés, ne soient pas trop voyants.
Il va sans dire que les traditions changent. Les organisateurs avaient notamment demandé aux participants d'indiquer à l'avance ce qu'ils souhaitaient chanter, et les couplets qu'ils prévoyaient de dire étaient consignés par écrit, dans une traduction chinoise. Pendant le festival, le mari de Mme Yang Guikai annonçait les interprètes successifs en suivant la liste. Cette façon de procéder permet de répartir le temps de façon équitable et, accessoirement, facilite le travail des chercheurs qui transcrivent les chants et recueillent des informations à leur sujet, mais cela nuit quelque peu à la spontanéité de l'événement.
La fête, sorte de festival musical, n'était pas mis en scène pour les touristes. D'ailleurs, aucun touriste n'était présent à la représentation. Cette situation présente un contraste saisissant avec la vieille ville de Lijiang, qui a pu être qualifiée de "zoo touristique" par des visiteurs déçus de circuler le long de rangées interminable de boutiques, pour la plupart tenues par des marchands nouvellement arrivés, qui occupent les bâtiments de style ancien de cette ville, centre de la culture naxi.
Une équipe de la télévision de Tianjin était venue au village pour cette occasion, dans le cadre d'un documentaire qu'ils préparaient sur la culture locale. Ils ont réalisé des enregistrements vidéo des danses en plein air. A l'étage, il n'y avait plus que les villageois et les trois visiteurs de Lijiang : Mme He Jiezhen, Mme He Hong et moi-même.
Bien malin qui saurait prédire ce que deviendra l'événement dans les années à venir. J'espère bien sûr que cet événement musical (auquel on pardonnera au visiteur européen de trouver des accents rousseauistes) va continuer de se perpétuer. De grands changements devraient avoir lieu lorsqu'une meilleure route sera construite, reliant le village à la ville de Lijiang ; lorsque nous y sommes allés, le trajet a duré neuf heures en bus, passant par Zhongdian 中甸, une ville récemment rebaptisée "Shangri-La", du nom d'une ville fictive d'un roman du début du XXe siècle, de l'écrivain anglais James Hilton. Gérer le boom touristique imminent sera un grand défi pour la communauté villageoise qui a partagé avec nous cette journée-là.
Alors que nous nous promenions aux Terrasses d'eau blanche, deux écoliers naxi nous ont proposé de nous chanter des chansons naxi, moyennant paiement. Cela semblait être une bonne occasion de voir quel genre de chansons ils connaissaient. Ils ont d'abord demandé : "Combien vous payez ?" Nous leur avons dit que nous préférions qu'ils chantent d'abord et que nous donnerions ensuite ce que nous pensions que cela valait. Un, deux, trois, et ils ont commencé à chanter... une chanson en chinois. Il s'est avéré qu'ils ne connaissaient pas une chanson ni une comptine naxi.
Au plan linguistique, le dialecte naxi de Baidi mériterait d'être exploré en profondeur. Mme He Jiezhen connaît un peu ce dialecte pour avoir été en contact avec des gens de cette région, et elle peut comprendre la majeure partie de ce qui se dit. L'outil qu'elle utilise pour la transcription est néanmoins la romanisation créée pour le "Naxi standard" ("Naxi Pinyin", 纳西语拼音) : cela revient à traduire les mots dans son propre dialecte au fur et à mesure qu'elle les transcrit, un peu comme si quelqu'un transcrivait "Héla ma fill' j'avons point de vin, Héla ma mé' j'on du biau raisin" par "Hélas ma fille, je n'ai pas de vin, hélas ma mère j'ai du beau raisin".
Cela permet de fixer le sens des chansons, et de donner une idée de leur saveur. Mais un linguiste aimerait bien sûr disposer d'une description du parler de Baidi, et de textes transcrits selon ses catégories phonologiques propres et son lexique particulier. Une telle description prendrait environ six mois à un.e linguiste entraîné.e ; occupé à ce type de travail pour la langue na de Yongning, je ne pouvais me permettre de me lancer dans un travail sur le naxi de Baidi. Le dialecte est assez différent de celui d'un autre village du même canton : Ciending (三坝乡东坝村次恩丁自然村), que j'ai eu la chance d'étudier grâce à une collaboration avec un étudiant naxi de l'université du Yunnan : Xu Jirong (un enregistrement entièrement transcrit et annoté du dialecte de Ciending est disponible dans la collection Pangloss, comme évoqué plus haut). J'espère que quelqu'un pourra mener une analyse approfondie du dialecte de Baidi. Comme ailleurs, les enfants sont exposés à une forte influence du chinois, par la scolarité et les médias.
Après la fin du festival musical, Mmes He Jiezhen et He Hong sont allées rencontrer deux prêtres to˧mbɑ˩. L'un d'entre eux, M. He Zhiben 和志本 (85 ans), a confié son sentiment selon lequel il était impossible que la transmission de l'héritage culturel des rituels naxis et des livres de pictogrammes se poursuive, étant donné les changements spectaculaires qui ont eu lieu dans la société. Il a ajouté qu'il était heureux qu'une partie de ce patrimoine puisse être enregistrée, "parce que c'est vraiment quelque chose".
A Li Li: A Naxi singing style of Post-1949 Lijiang
Li, Xiuxiang — 李秀香
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004700
00:09:09
Jew's Harp: the Naxi singer Li Xiuxiang (1945-) plays the Jew's harp (in Naxi: mbɑ˧zi˧ʝi˧). The performance is accompanied by explanations in Naxi and in Chinese.
Li, Xiuxiang — 李秀香
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004701
00:12:23
Le Perroquet et les Mainates: chanson improvisée dans le style "A-li-li"
Chant d'amour. Style: wɤ˧-mə˧-ndɑ˩. Consultants: M17 et M32..
He, Xuemin — 和学敏 — M32 [anonymous]
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004708
00:01:05
Explication qui précède la chanson d'amour chantée par M32 et M17.
M32 [anonymous]
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004709
00:02:26
Chant dans le style "Gu-Qi". Consultant: M32.
M32 [anonymous]
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004711
00:05:19
Six histoires du filou /ə˧ʝi˩ɳɖə˞˧/
Michaud, Alexis
He, Wenjian — 和文建
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004713
00:56:44
Ciending read vocabulary: reading of the first pages of a vocabulary list of Ciending Naxi by Xu Jirong, who is the author of the list and a native speaker
Michaud, Alexis
Xu, Jirong — 徐继荣
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004724
00:07:00
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant M5; reading condition: 'Careful'; with a topic marker following the target item
Michaud, Alexis
He, Yong — 和涌
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004726
00:08:41
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant M5; reading condition: 'Impatient'
Michaud, Alexis
He, Yong — 和涌
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004728
00:08:54
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant M5; reading condition: 'Impatient'; with a topic marker following the target item
Michaud, Alexis
He, Yong — 和涌
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004730
00:02:37
Monosyllabic words with Rising tone read in carrier sentence by consultant M5; reading condition: 'Careful'
Michaud, Alexis
He, Yong — 和涌
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004732
00:02:48
Monosyllabic words with Rising tone read in carrier sentence by consultant M5; reading condition: 'Impatient'
Michaud, Alexis
He, Yong — 和涌
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004734
00:02:53
Monosyllabic words with Rising tone read in carrier sentence by consultant M5; reading condition: 'Impatient'
Michaud, Alexis
He, Yong — 和涌
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004736
00:08:58
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant M7; reading condition: 'Careful'
Michaud, Alexis
He, Limin — 和力民
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004738
00:08:15
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant M7; reading condition: 'Impatient'
Michaud, Alexis
He, Limin — 和力民
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004740
00:08:17
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant M9; reading condition: 'Careful'
Michaud, Alexis
Mu, Chen — 木琛
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004742
00:08:27
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant M9; reading condition: 'Impatient'
Michaud, Alexis
Mu, Chen — 木琛
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004744
00:06:33
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant F2; reading condition: 'Careful'
Michaud, Alexis
He, Jiezhen — 和洁珍
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004746
00:05:27
Monosyllabic words read in carrier sentence by consultant F2; reading condition: 'Impatient'
Michaud, Alexis
He, Jiezhen — 和洁珍
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004842
00:08:56
Family story: a narrative about the consultant's life course so far
Michaud, Alexis — He, Likun
和丽昆 — He, Likun
https://doi.org/10.24397/pangloss-0004844
01:00:28
Syllabic inventory: recording of a table of attested syllables