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La langue
Le mota est parlé par une petite communauté d'agriculteurs vivant à Mota, une petite île du groupe Banks.
L’affiliation phylogénétique du mota est la même que les 138 autres langues parlées au Vanuatu: il s’agit d’une langue océanienne – et donc d’un membre de la vaste famille austronésienne qui couvre la plupart des îles du Pacifique.
Au sein de la “chaîne linguistique” du nord du Vanuatu, le mota forme un chaînon intermédiaire entre les langues de Vanua Lava (comme le
mwesen) d'une part, et celles du sud des Banks d'autre part (ex.
mwerlap,
nume).
En 1867, la
Melanesian Mission de l'église anglicane, basée en Nouvelle-Zélande, choisit le mota comme langue principale d’évangélisation, ce qui lui conféra un statut privilégié pour la traduction des textes religieux. Au cours du 20
ème siècle, le statut de langue véhiculaire pour le nord des Nouvelles-Hébrides allait être repris par le bichlamar, un créole à base d’anglais. Pourtant, dans les îles de la région, il arrive encore aujourd’hui d’entendre des hymnes religieux chantés en langue mota, en alternance avec le bichlamar ou l'anglais.
Conséquence de son statut spécial dans l'église, pendant tout un siècle le mota fut la seule langue du nord du Vanuatu à être documentée, grâce au travail des premiers linguistes et missionnaires. En particulier, le Révérend Robert Codrington – célèbre missionnaire et anthropologue – publia en 1896 un dictionnaire complet de la langue.
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Le corpus mota
L'île de Mota est difficile d'accès, en raison du manque de liaisons aériennes ou maritimes régulières avec les autres îles. Alexandre François a cependant réussi à recueillir des données sur la langue mota au hasard des rencontres avec des locuteurs du mota installés sur d’autres îles.
Ainsi, en 2003 il a enregistré Melret Malanko dans un petit hameau de Vanua Lava. Lors de missions ultérieures, il a recueilli des informations linguistiques auprès du prêtre anglican Mama Febaian Din (Vanua Lava, 2007) et de Melody Ropet Pele, une femme de Mota mariée dans les îles Torres (Lo, 2011). Dans la même île de Lo (Torres), il a également rencontré Ro Pansi Salevaglea, qui lui a narré plusieurs histoires en langue Mota.
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Bibliographie
Pour plus d’informations sur le nord du Vanuatu, visitez http://alex.francois.online.fr. Voici quelques publications permettant de situer le mota dans son contexte :
Codrington, Robert H. 1891. The Melanesians: Studies in their Anthropology and Folk-Lore. Oxford: Clarendon.
Codrington, Robert H. & Jim Palmer. 1896. A Dictionary of the Language of Mota, Sugarloaf Island, Banks' Islands, with a short grammar and index. London: Society for Promoting Christian Knowledge.
François, Alexandre. 2011. Social ecology and language history in the northern Vanuatu linkage: A tale of divergence and convergence. Journal of Historical Linguistics 1 (2). 175-246.
François, Alexandre. 2012. The dynamics of linguistic diversity: Egalitarian multilingualism and power imbalance among northern Vanuatu languages. International Journal of the Sociology of Language 214, 85–110.
Vienne, Bernard. 1984. Gens de Motlav. Idéologie et pratique sociale en Mélanésie. Paris: Société des Océanistes.
Voici comment vous pouvez citer cette archive Pangloss :
François, Alexandre. 2021. Archive d’enregistrements de terrain dans la langue mota. Collection Pangloss. Paris: CNRS.