Le Lazé

Récits

« Enterrée vive » est une mise en garde à l'égard des gourmands qui visitent le garde-manger quand ils sont seuls à la maison. Il raconte l'histoire d'une femme qui restait à la maison pour veiller aux tâches domestiques pendant que chacun travaillait aux champs. Elle mangeait des bonnes choses à la dérobée, sans rien en partager avec les autres. Un jour, alors qu'elle mangeait des œufs qu'elle s'était cuits en cachette, des gens de la famille sont rentrés à l'improviste. Paniquée, elle s'est fourré dans la gorge les œufs qui restaient, sans prendre le temps de mâcher. Un jaune d'œuf s'est coincé dans sa gorge, et elle est tombée évanouie, comme morte. Les gens de la famille, la voyant sans vie, ont préparé son enterrement. La famille était riche ; on l'a revêtue de vêtements somptueux et de bijoux d'or et d'argent. En pleine nuit, des voleurs qui convoitaient ces trésors l'ont entièrement déterrée ; la tenant par les genoux, ils ont rejeté son corps en arrière pour lui retirer ses vêtements, ce qui a eu pour effet de lui faire vomir le jaune d'œuf qui l'avait étouffée, et elle est revenue à elle. Les voleurs ont été pris de panique et se sont enfuis. Elle est rentrée chez elle ; les gens de la famille l'ont prise pour une revenante et lui ont fait toutes sortes de difficultés avant de lui permettre de revenir à la maison. Finalement, les gens de la famille ont dénoué l'écheveau de l'histoire, et lui ont pardonné.

« Femme céleste » raconte les origines de l'humanité : l'histoire de ses premiers ancêtres, et l'origine des plantes cultivées, dont les graines ont été volées dans le monde céleste et ramenées sur terre en cachette. Il explique les dures conditions de vie de l'humanité par une punition infligée par les puissances d'en-haut. De grandes similarités existent entre ce récit et ceux des Na et des Naxi. Sans entrer dans le détail, on remarquera que la version naxi de cette histoire met l'accent sur les exploits de l'homme (assisté de sa future épouse) accomplissant toutes les tâches surhumaines imposées par son beau-père, tandis que la version lazé telle qu'elle est racontée ici n'entre pas dans le détail de ces tâches, et s'attache plus aux relations entre la Mère Céleste et sa fille descendue sur terre.

Fragments de chansons

Contrairement aux chants en langue naxi (voir le corpus naxi), qui sont chantés par des chanteurs professionnels, les chants en langue lazé ont été enregistrés par des gens qui chantent peu, mais gardent le souvenir de quelques fragments de chansons. Trois personnes se sont prêtées au jeu. La principale locutrice (consultante linguistique) était alors âgée de 57 ans ; sa sœur aînée avait 64 ans. Leur belle-sœur, avait également la soixantaine. Elles étaient extrêmement réticentes à enregistrer des chansons, car il est rare que des femmes de leur âge chantent. La tradition locale verrait, semble-t-il, le chant comme une activité pour les jeunes. Mais les jeunes générations n'apprennent plus les chants traditionnels, désormais remplacés par des chansons en chinois.

La consultante linguistique, qui comprenait le projet de collecter des chansons folkloriques pour contribuer à la mémoire des traditions, a fait de son mieux pour vaincre les réticences des deux autres locutrices, allant même jusqu'à se lancer elle-même et chanter une courte chanson. Grâce à ses efforts, six fragments de chansons et une comptine ont été enregistrés, mais non sans de longues pauses au milieu des chansons lorsque les participantes essayaient de se rappeler les paroles. On entend des rires gênés, provoqués par cette situation gênante : trois femmes ayant largement passé l'âge de chanter en public, enregistrant des chansons pour que celles-ci soient rendues publiques dans un fonds d'archive dont elles savaient toute trois qu'il serait accessible depuis n'importe quel ordinateur. 

Ces chansons n'ont pas pu être transcrites en raison des limitations sévères de la courte durée du séjour sur le terrain, et aussi en raison de la difficulté de la consultante-enseignante à expliquer des textes dont la signification n'était pas tout à fait claire pour elle. Suivant le principe selon lequel des données lacunaires sont de loin préférables à l'absence complète de données, ces documents sont rendus disponibles, et pourront peut-être rendre service pour des études comparatives. La structure et le rythme de la comptine rappellent une comptine populaire naxi, et suggère qu'une étude de folklore comparée pourrait être réalisée entre traditions lazé, naxi et na.

Rituels

Dans la vallée de Xiangjiao, il existe des traditions rituelles apparentées à celles des Naxi et des Na. Mais contrairement aux rituels naxi, pour lesquels il existe une écriture spéciale, les rituels en langue lazé ne sont pas consignés dans des livres. Les gens du village à qui on demandait auprès de qui il serait possible de recueillir des contes ou des histoires folkloriques ont spontanément orienté l'enquêteur vers le prêtre local. Celui-ci a accepté de psalmodier des rituels. Ceux-ci ont été choisis par lui-même, et enregistrés en une seule séance, en faisant de courtes pauses.

中文介绍 / présentation en chinois

郭大烈、和志武1994的著作中曾记录“水田人”：他们“自称la33ze33（拉热），他称为水田，居住在四川省木里藏族自治县项脚、博瓦、白碉等地。据1982年调查，项脚有63户，385人。据说拉热人搬到这里才6代，来得最早的一个叫胡家斯塔，与朝、杨、韩、田四家原来住在盐边线山后拉沙田。盐源（包括盐边）纳日话中称中所为la33ze33（本文写作lɑ˧ze˧），拉热人可能因地名而得名。拉热语言和习俗与纳日人差异不大，信达巴教（东巴教异名），有口诵经。拉热人现已改称蒙古族。” （郭大烈、和志武：《纳西族史》，四川民族出版社，1994年，第6-7页。）

“水田”这一名称通用于“木里县志”等。 此处需要说明，木里水田话与彝语支水田话是两种不同的语言。 在语言研究方面，关于木里水田话的资料较少。 黄布凡先生对水田话进行过基础分析：《木里水田话概况》，《汉藏语学报》2009年第3期。 《泛语资料库》提供2008、2009年两次（共8周）调查的第一手资料。记音方式需要说明，如：tɕi、tɕy、tɕæ、tɕɤ可以分析为/ki/，/ky/，/kjæ/，/kjɤ/，与纳西语西部方言类似。

水田话的声调，于汉语方言中最常见的声调系统有所不同。有一些汉藏语系语言的声调是平调（level tones）， 这与汉语、白语、越南语等语言的曲线调（contour tones）不同。请见： 米可（2009）“木里水田话声调系统研究”，《民族语文》 6. 28–33.