Récits recueillis par F. Ozanne-Rivierre
Ciau, la fille du chef Bahitr
Nouvelle-Calédonie, Ouvéa, vers 1948, Wadawa Hnyigootr, Françoise Ozanne-Rivierre
Le thème de ce beau texte - l'alliance et ses avatars - est commun dans la littérature orale kanak. Ici, Ciau, fille du chef Bahitr, entraînée par deux poissons "watoo" jusqu'à l'îlot Seûnö-Oûdeetr (dans les Pléiades du Nord), y épouse le Soleil. Elle a un fils, nommé "Soleil", mais, suite à une dispute avec son époux, elle repart chez son père à Vëkiny [= Weneki en fagauvea] avec l'enfant. Le Soleil, fort mécontent, au lieu d'effectuer normalement son parcours, descend chaque jour s'immobiliser juste au dessus des cocotiers de Vëkiny. Jour après jour, le pays se dessèche et devient aride. La famine s'installe. Les gens de la tribu, en accord avec leur chef Bahitr, décident de rendre son fils au Soleil.
Ce texte, écrit par Wadawa Hnyigootr, fils du pasteur Ioane Hnyigootr, a été remis à Jean Guiart vers la fin des années 40. Il a été reproduit et traduit par Françoise Ozanne-Rivierre (Mythes et contes de la Grande Terre et des îles Loyauté, SELAF, 1980, pp. 178-193). Il figure aussi en annexe du premier volume édité au CTRDP par Jacob et Taï Wahéo (Langue IAAI - Ouvéa. Propositions d'écriture. Hna setr hwen iaai, 1987). Ce texte est lu par Taï Waheo.
L'origine du Kong Hulup
Nouvelle-Calédonie, Ouvéa, vers 1948, Wadawa Hnyigootr, Françoise Ozanne-Rivierre
Deux hommes de Canala suivent leur dieu qui fuit la montagne où il réside, ravagée par un feu de brousse. Ils débarquent à Mouli (= Hwakaiö) et, toujours à la suite du dieu, gagnent Lekiny, puis Vëkatr mais aucun de ces endroits ne leur convient. Ils arrivent à Hânyâû et lorsqu'un des hommes tombe au pied d'un arbre [il s'agit probablement du banyan (ibëk) dont on dit qu'une des racines ressort à Canala], le tonnerre éclate, signalant que cet endroit est destiné au Kong Hulup.
Les liens anciens entre Canala et Ouvéa ont été largement commentés par Jean Guiart dans La structure de la chefferie en Mélanésie du Sud, 1963 (cf. p. 190 et pp. 577-581). Il a donné p. 577 une traduction de ce texte que lui avait remis Wadawa Hnyigootr. Le texte original en langue iaai, a été publié dans le volume édité au CTRDP par Jacob Waheo (Moju bongon kau adreem. Contes et légendes d'Ouvéa, recueil 2, 1989). Ce texte est lu par Taï Waheo.
Les Gugumelam, deux frères siamois
Nouvelle-Calédonie, Ouvéa, vers 1948, Tom Trongajo, Françoise Ozanne-Rivierre
Les Gugumelam étaient deux frères siamois qui avaient le pouvoir de voler comme des oiseaux et qui vivaient autrefois dans une grotte nommée Beetr. Ils avaient la détestable habitude de tuer et de mettre au four les individus qui se trouvaient dans des groupes de personnes en nombre impair. Seuls, étaient épargnés, les gens de leur clan, c'est-à-dire les sujets de Ihili et Draume. Lassés de vivre dans la terreur, les sujets iaai implorèrent Draume de leur permettre de tuer les deux frères siamois, ce qui leur fut accordé. Le jour de leur exécution, les Gugumelam laissèrent le message suivant : ne plus manger de cocos doubles, ni aucun fruit jumelé en souvenir d'eux.
Ce texte a été écrit par Tom Trongajo, à la fin des années 40. Jean Guiart le mentionne dans son ouvrage La chefferie en Mélanésie du Sud, 1963, p.575. Une version avec traduction et mot à mot a été publiée par Françoise Ozanne-Rivierre (Mythes et contes de la Grande Terre et des îles Loyauté, SELAF, 1980, pp. 194-201). Ce texte est lu par Taï Waheo. Une autre version de l'histoire des frères siamois, transcrite en iaai et traduite en français par Pierre Samuel et Ismaël Saidhine, existe dans le document Contes et légendes d'Ouvéa (texte 5) élaboré en 1981 par des enfants de quatrième du collège Guillaume Douarre.
L'écho dans le rocher Oboloo à Lekiny
Nouvelle-Calédonie, Ouvéa, vers 1948, Joël Mauu, Françoise Ozanne-Rivierre
Pour avoir violé un interdit (consommer de la murène), des hommes seront recouverts par le rocher Oboloo, dans les falaises de Lekiny. Aujourd'hui, lorsqu'on appelle à cet endroit, l'écho vous répond.
Ce texte a été écrit par Mauu, Joël vers la fin des années 40. Il a été publié et traduit par F. Ozanne-Rivierre dans Les langues Mélanésiennes de Nouvelle-Calédonie, Collection Eveil 13, Nouméa, D.E.C., 1979, p.93-94. Il figure aussi dans le volume édité par Jacob Waheo au CTRDP - Langues Vernaculaires en 1989 (Moju bongon kau adreem. Contes et légendes d'Ouvéa, recueil 2, p. 43). Ce texte est lu par Taï Waheo.
Le bernard-l'hermite et le crabe de cocotier
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, vers 1948, Wakuba Ianu, Françoise Ozanne-Rivierre
Cette petite fable, très classique à Ouvéa, explique pourquoi le bernard-l'hermite s'habille toujours avec les vêtements des autres et pourquoi le crabe de cocotier, honteux de montrer sa nudité, se manifeste surtout la nuit. La morale de l'histoire (dans cette version du moins !) est qu'il faut ... respecter les femmes.
Ce texte a été raconté à Taï Waheo par son grand-père Wakuba Ianu. Il a été publié dans le recueil Langue Iaai Ouvea, propositions d'écriture ( p.100-101), publié en 1987 au CTRDP-Langues Vernaculaires (Taï Waheo et Jacob Waheo eds).
Lien externe
Corpus de la parole